Le départ
Vendredi 5 août 2022, levé à 7h15. Wouah, c’est presque grasse mat’ ! Nous voilà – déjà ! – à l’avant-dernière étape. Une étape spéciale en 2 points :
- C’est la plus courte avec pas plus de 70 km et celle comportant le moins de dénivelé positif avec 1323 m.
- Je ne ferais ni le parcours V2, ni le parcours V3.
Je m’explique.
D’abord, voici le détail des 2 parcours proposés par Vélorizons :
Le parcours V2, 99,72 km / D+ : 1629 m : le tracé est original car il ne suit pas tout à fait l’itinéraire de la Route des Grandes Alpes. Le Col de la Couillole sera bien emprunté mais au lieu d’enchaîner sur le Col Saint-Martin, le parcours file plein Sud le long de la Vallée de la Tinée. Puis une boucle est proposée dans un coin sauvage en passant par La Tour puis Utelle avec l’ascension à la Madone d’Utelle (1194 m) en point d’orgue. Après avoir rejoint la Vallée de la Vésubie à St-Jean la Rivière, c’est une longue remontée jusqu’à Roquebillière, terme de l’étape.
Les habitués du groupe V2, Philippe, Louis, Michel, Richard, Aymeric et son papa Gilles, les sœurs Cynthia et Sarah, les Anglais Steven et Shirley, Marion et Vincent (qui ont fait pour la première fois l’impasse sur le parcours V3) ont effectué ce parcours. Mais il ne fallait pas se fier aux 1629 m de D+ à l’allure « modeste » prévu au programme. Ils se seront heurtés à un profil relativement casse-pattes avec des murs bien sentis. Certains ont moyennement accusé le coup et additionné à la canicule, ont même zappé l’ascension en aller-retour de la Madone d’Utelle.
Le parcours V3, 129,5 km / D+ 3077 m : le tracé suit l’itinéraire de la Route des Grandes Alpes mais en faisant un aller-retour au Col de la Lombarde situé plus au Nord. Le Col de la Couillole est bien emprunté dans un premier temps mais au lieu d’enchaîner sur le Col de St-Martin, le parcours file plein Nord le long de la Vallée de la Tinée jusqu’à Isola. Puis c’est une ascension en aller-retour du Col de la Lombarde (2350 m). Après cela, c’est un retour jusqu’à Saint-Sauveur-sur-Tinée puis l’ascension du Col Saint-Martin. Au terme de la descente de ce dernier à St-Matin-Vésubie, il ne reste plus que quelques kilomètres pour rallier Roquebillière, terme de l’étape.
Les super costauds, Simon, Mathilde, Paul et Ralph réaliseront cette étape hors norme.
Pour ma part, le parcours V2 ne suivant pas en totalité le tracé de la Route des Grandes Alpes – Beuil > Col de la Couillole > St-Sauveur-sur-Tinée > Col de St-Martin > St-Martin-Vésubie > Roquebilière – il n’était pas inscrit à mon programme.
J’avais donc initialement coché le parcours V3… qui était très alléchant sur le papier avec l’aller-retour au Col de la Lombarde.
129,5 km / D+ 3077 m ?!!! C’est folie, mais j’avais plusieurs arguments à faire valoir lorsque j’avais imaginé mon plan de route au fond de mon canapé mais qui ont été défait par plusieurs éléments à ce stade du voyage :
- bien que n’ayant aucune expérience sur un enchaînement de 8 jours, je pensais avoir une amélioration croissante de la forme au fur et à mesure de mon voyage… j’avais lu à droite et à gauche que c’était le cas pour plusieurs cyclotouristes qui avaient entrepris ce type de voyage… mais plusieurs éléments ont joué contre moi : la canicule que j’ai très peu supportée, un abandon dans la 5e étape où je devais enchaîner deux « 2000 » et des lombaires en compote qui m’ont plombé dès le début de la seconde étape,
- c’était une très belle occasion de gravir le Col de la Lombarde, un « 2000 » franco-italien assez isolé dans ce coin des Alpes. Depuis ma Côte-d’Or, la logistique est très compliquée pour atteindre le pied de l’ascension à Isola dans la Vallée de la Tinée, mais la longue remontée de la Vallée de la Tinée depuis St-Sauveur-sur-Tinée jusqu’à Isola – environ 13,5 km – était déjà un petit peu usante avec environ 350 m de D+. Et il fallait donc les ajouter aux 1488 m à 7,5% de moyenne de la longue – 20,5 km – ascension finale ! De plus, plusieurs membres du groupe, les costauds, qui avaient eu une occasion de l’avoir déjà grimpé, m’ont affirmé qu’il était assez dur (les 3 premiers kilomètres sont à 9%, de quoi bien entamer les forces pour les 17 suivants),… non, il aurait fallu que j’aie une forme étincelante et il aurait aussi fallu se coltiner par la suite l’ardu Col Saint-Martin… ce sera pour une autre fois !
- c’était aussi l’avant-dernière étape, autant jeter toutes ses forces dans une journée hors norme mais de force, je n’en avais plus trop après 6 étapes cumulant 550 km et 11260 m de D+ !
C’est la veille au soir déjà, que j’ai décidé de suivre tout simplement le tracé officiel de la Route des Grandes Alpes : Beuil > Col de la Couillole > Col Saint-Martin > Roquebillière.
Du coup, cette septième étape devenait bien courte avec près de 65 km et beaucoup moins de dénivelé avec environ 1300 m. Je m’offrais presque une journée « off » et m’enlevais toute pression ! Par contre, étant le seul à suivre cet itinéraire, j’allais rouler « solo » pour la seconde journée consécutive et « lâcher » les habituels compagnons du groupe V2… c’est un peu dommage mais ce sera l’occasion pour moi de retrouver mes habitudes qui sont de prendre mon temps et du plaisir en découvrant des cols inédits.
Col de la Couillole
Il est 8h30 quand je m’élance de Beuil, tout le monde est déjà parti pour une grosse journée. La mienne sera « cool ». D’autant que je démarre par la « facile ascension » du Col de la Couillole. À l’origine, ce versant Ouest du col n’est pas facile à aller chercher. Pour les locaux, il faut grimper avoir grimpé en premier soit Valberg (ce que j’ai fait lors de la 6e étape), soit les Gorges du Cians.
À partir de Beuil, il ne reste plus que 7,4 km sur une pente assez irrégulière qui comprend des passages un peu soutenus, deux courtes descentes et un replat. À ce stade du voyage, ce n’est qu’une formalité.
Col de la Couillole – 1678 m
Distance : 7,4 km
Départ : Beuil
D+ : 266 m
% moyen : 4,5%
% maxi : 7,5% sur 725 m
Je débute donc cette ascension par une descente de 550 m puis dans un lacet à gauche, ça repart aussitôt à 5/6% durant 1250 m. La route s’élève et permet de profiter de jolis points de vue sur Beuil avec les pentes du domaine skiable de Valberg en arrière-plan.
Sur les 1300 mètres suivants, la pente s’accentue un peu plus à 7% mais c’est régulier. Un autre point de vue se dégage près de Beuil sur la sortie des Gorges du Cians. Pour m’y être rendu en balade voiture une semaine après, j’ai pu me rendre compte que c’était un endroit extraordinaire ! On l’appelle le « Colorado niçois »… je peux vous assurer qu’il n’a rien à envier par rapport à son homologue américain ! Je me promets d’y revenir un jour pour le faire à vélo !
J’ai constaté aussi au cours de cette journée qu’il y a encore beaucoup de montagnes à près de 2000 m dans cette région Sud des Alpes mais leurs sommets sont beaucoup moins marqués que dans le Nord. Leurs pointes sont souvent plus aplanies et moins minérales. Bien qu’elles soient d’aspect plus accessibles, il n’y a aucune route asphaltée pour y accéder.
Mais je comprendrais un peu plus tard quand j’aurais vu l’énergie et les moyens déployés pour réaliser des routes remontant des gorges comme celle du Cians ou du Daluis (sa « sœur » toute proche) ou de profondes vallées comme celle de l’autre versant du Col de la Couillole que je vais le découvrir quelques instants plus tard…
Puis ça devient assez cool quand la route suit de part et d’autre les versants du Vallon de Conchas avec une légère descente de 700 m qui sera suivie d’un tranquille faux plat montant qui passera de 2,5 à 1,5% durant 2,9 km. Quand je vous dis que c’est facile cette montée !
La route s’est faufilée dans un nouveau Vallon, celui de la Couillole, ce qui signifie bien que l’on arrive très bientôt au col homonyme. Mais comme c’était un peu facile jusque-là… un joli raidard de 725 m à 7,5% sera à déguster en guise de final !
Me voilà donc au Col de la Couillole à 1678 m d’altitude. Cela me fait un peu drôle de ne pas avoir beaucoup fourni d’effort pour atteindre cette altitude assez respectable !
Au sommet, il n’y a pratiquement personne. Une jolie auberge et un parking occupent les lieux qui ont été récemment et proprement aménagés. Il y a aussi une borne qui m’apprend une chose étonnante : la route que je viens d’emprunter depuis Beuil n’a été réalisée par le Service des Ponts et Chaussée (l’ancêtre de la DDE, cette dernière étant passée depuis sous la coupe des Départements) qu’en 1965 ! Avant cela, le Col de la Couillole ne pouvait se faire qu’en aller-retour depuis St-Sauveur-sur-Tinée. Et bien sûr, le tracé de la Route des Grandes Alpes était bien différent, avant cette date, une fois le Col de la Cayolle franchi, il ne restait plus qu’à se laisser glisser directement jusqu’à Nice.
Comme j’ai le temps, je m’accorde 10 bonnes minutes de pause. Il est près de 9h30 et il ne fait pas encore trop chaud. Je file dans la descente, la route est belle et large dans les premiers hectomètres du versant Est du Col de la Cayolle. Ce dernier plonge dans la profonde Vallée de la Vionène. Et ce versant n’a rien à voir avec celui que je viens de grimper : depuis St-Sauveur-sur-Tinée, 15,7 km à 7,5% de moyenne, à coup sûr une autre paire de manches et je suis bien content de le descendre cette fois-ci !
Col de Tournaeuro et Roubion
Dans le début de la descente, au niveau du hameau du Villars, il me semble apercevoir un col. Je m’arrête pour réfléchir rapidement. Je contrôle un point sur ma carte… bingo ! J’avais noté mentalement qu’il y avait éventuellement un col à aller chasser en aller-retour : c’est celui du Tournaeuro (1469 m). Comme j’ai le temps et que je n’aurais pas d’autre occasion, je décide de m’offrir ce petit détour.
Depuis le Villars, j’aperçois le Col du Tournaeuro… je décide d’aller le chasser.
Je me laisse glisser quelques lacets plus bas pour prendre à droite la direction de Roubion Les Buisses, une petite station familiale très appréciée dans les Alpes Maritimes.
La partie de chasse de ce col ne sera pas très longue et pas trop difficile comme vous pouvez le voir sur le profil ci-dessous.
Col de Tournaeuro – 1469 m
Distance : 1,7 km
Départ : M30 > M330
D+ : 56 m
% moyen : 5%
% maxi : 6% sur 420 m
Une légère descente me guide à l’entrée de Roubion Les Buisses. Un petit rond-point m’aide à contourner un parking et à emprunter sur ma gauche une toute petite route. C’est là que l’ascension débute réellement avec une première rampe de 400 m à 6%. Une belle couche de gravillon recouvre la chaussée. Je ferais très attention au retour. Un lacet vient casser la pente et j’enchaîne sur 450 m qui passent de 3 et 4,5%. Une courte et raide descente (50 m à 8%, à grimper au retour) me dépose au pied d’un final peu exigent avec 300 m à 5%. Fin de l’asphalte au milieu de quelques chalets (Fortunette), me voilà au Col de Tournaeuro à 1469 m d’altitude.
Pas de pancarte mais en l’apprenant par la suite, j’aurais pu le dénicher en remontant un petit chemin sur environ 50 mètres et aussi profiter d’un plus joli panorama vers sur la Vallée de la Vionène.
Un col anonyme parmi des milliers d’autres en France. Mais n’empêche que je le classe consciencieusement dans ma collection de cols qui en compte modestement 335 (à l’heure où j’écris ces lignes en avril 2023), tous franchis au moins une fois, dont 24 à plus 2000 m et 124 à plus de 1000 m. Bien sûr, je ne recompte pas ceux que j’ai grimpés plusieurs fois et aussi les sommets (comme les stations par exemple) qui ne sont pas des cols. Bon, il y a des chasseurs de cols qui jouent à un level supérieur avec plus de 500 cols, voir beaucoup plus pour certains avec plus de 1000 cols (les Suisses sont spécialistes) ! À noter que je ne suis pas membre du Club des Cent Cols mais je suis en grande partie leur règle du jeu.
Demi-tour, je reviens prudemment à la Station des Buisses en faisant attention à ne pas me gameller dans le passage gravillonné. En revenant vers la M30, j’aperçois quelque chose qui m’intrigue… c’est le village de Roubion. Adossé à des barres rocheuses et dominant la Vallée de la Vionène il a l’air incroyable… et comme j’ai le temps, je ne vais pas hésiter à faire un détour pour aller faire le touriste. Et je n’allais pas le regretter !
Pour atteindre Roubion, une fois après avoir rejoint la M30, je me laisse glisser un lacet plus bas pour prendre une petite route sur la gauche en direction de Roubion Haut Village. Je pensais faire un peu de grimpette mais je me retrouve sur un léger faux plat montant. Cool, zéro effort, c’est toujours ça de pris !
L’asphalte prend fin sur les vestiges des anciens remparts tout en passant sous une porte voutée en partie creusée dans la roche. J’adore !
Une étroite ruelle pavée me fait entrer dans Roubion et je dois me transformer en piéton car il y a de nombreuses marches. Le village est magnifique avec ses maisons biscornues en pierre, ses jolies fontaines, ses murs décorés de très jolies peintures.
Je déambule tranquillement tout en descendant vers la partie basse du village. Mais je dois faire attention car c’est très pentu… je dois maintenir fermement mon vélo tout en veillant à ne pas glisser avec mes chaussures (avec les cales) sur les pavées des ruelles.
Même si le village est pittoresque avec un charme certain, je me dis qu’il faut être motivé pour y habiter (environ 120 habitants), la logistique devant être assez difficile surtout les mois d’hiver. Imaginez, rien que pour y déballer ses courses, ça doit être sportif !
Une fois arrivé au bas du village, je continue mon exploration en suivant une ruelle qui me guide vers la superbe Église Notre-Dame-du-Mont-Carmel. À côté, il y a un petit tunnel qui a été creusé dans la roche (voir la petite vidéo ci-dessous)… je le franchis pour voir ce qu’il y avait à la sortie… je découvre un petit parking… ce qu’il n’a pas fallu pas faire pour garer quelques véhicules où les places sont si rares ! Bon, c’est aussi un accès à une piste qui mène vers le hameau de Vignols perdu dans la montagne mais proche du fameux GR5.
Demi-tour pour me diriger vers l’entrée de Roubion, fin de la visite. Je reprends ma descente vers le fond de la Vallée de la Vionène.
Quelques lacets plus bas, la route devient plus étroite et sinueuse en s’accrochant le long de magnifiques parois de schiste rouge… une belle nouveauté pour moi face à cet aspect typique du décor méditerranéen propre au département des Alpes Maritimes…
La route est pittoresque : à droite, un ravin dont devine à peine le fond, des tunnels taillés dans la roche, cinq au total et ils ne sont pas trop longs pour ne pas avoir besoin d’un éclairage. Même si la pente oscille entre 7 et 8%, ce versant Est doit être vraiment sympa à grimper !
Il y a des choses intéressantes à regarder comme par exemple, l’entrée bien visible d’une grotte qui s’avère être la Balme de Luc ou bien Roure, un autre village perché dans la même veine que Roubion.
La descente prend fin à un croisement avec la M2205 à l’entrée de Saint-Sauveur-sur-Tinée. Me voilà désormais dans la Vallée de la Tinée. Avec celle du Var, c’est l’une des plus grandes des Alpes du Sud avec près de 70 km. Si on a la remonte au Nord, elle mène à 2 ascensions de légende : le Col de la Lombarde, cité un peu plus haut, et à la Cime de la Bonette, plus haute route asphaltée de France avec ses 2802 m.
Pour ma part, je vais suivre la Vallée de la Tinée en direction du Sud. Je traverse Saint-Sauveur-sur-Tinée sans y faire d’arrêt car il est déjà 10h50 et je souhaite grimper l’ascension suivante avant midi pour éviter d’avoir le coup de chaud de l’après-midi, enfin façon de parler car la chaleur est déjà bien présente…
Pour rejoindre le pied du Col de St-Martin, il me suffit de suivre tranquillement la M2205 le long de la rivière de la Tinée sur 4,5 km. Et c’est facile car c’est un agréable faux plat descendant.
Je fais un petit arrêt découverte pour observer un impressionnant blockhaus situé juste au bord de la route, celui de l’Ouvrage de Fressinéa. C’une fortification, construite entre 1931 et 1939, faisant partie de la ligne Maginot. Il est en très bon état car il n’a pas été touché par les combats de juin 1940. Après l’armistice, les Italiens ont conservé les clefs de l’ouvrage mais ne l’ont pas occupé. Pour les curieux, vous pouvez consulter les détails sur ce site.
Col Saint-Martin
Peu après l’Ouvrage de Fressinéa, me voilà désormais au pied de la troisième ascension du jour : le Col Saint-Martin. Le profil me semble abordable mais je l’appréhende… d’abord je ne le connais pas, il est assez long avec ses 16,5 km et surtout il y a 1000 m de dénivelé positif à grimper !
Col Saint-Martin – 1503 m
Distance : 16,5 km
Départ : M2205 > M2565
D+ : 1023 m
% moyen : 6%
% maxi : 7,5% sur 1640 m
J’emprunte la M2565. La vue sur le départ est assez particulière car il se trouve juste à côté d’un tunnel et il y en a un autre situé un tout petit plus haut. Bon, je me concentre sur la première rampe qui est assez rude avec ses 7,5% sur 1650 m. Autant vous dire que le soleil est désormais passé en mode cuisson et pour l’instant il n’y a pas d’ombre à part celle offerte par les 2 tunnels taillés à même la roche (90 et 70 m, pas besoin d’éclairages) que j’ai franchis dans ce début d’ascension. Il y a aussi quelques vues sur le fond de la Vallée de la Tinée qui sont assez distrayantes.
Au détour d’un virage bien marqué, la route va suivre le Vallon de Bramafan. La pente va s’assagir autour des 6%, un pourcentage qui va très bien me convenir durant les 6,7 kilomètres suivants jusqu’à Valdeblore.
Le décor ressemble un peu à l’ascension de Valberg réalisée la veille. Mais il y a un peu plus de végétation sur les bords de la route… je prends un soin méticuleux à bien rouler à droite pour profiter du moindre bout d’ombre !
La chaleur n’est pas encore trop étouffante en cette fin de matinée, je ne suis pas trop mal et je mouline à un bon petit rythme, je profite de ce petit regain de forme.
J’arrive à La Bolline, l’un des 3 principaux bourgs (les 2 autres sont La Roche et Saint-Dalmas) qui constituent la commune de Valdeblore. Ou Val de Bloura en occitan qui est une langue enseignée dans 19 lycées, 26 collèges et certaines écoles élémentaires des Alpes-Maritimes et du Var.
La traversée de La Bolline est assez douce avec 2,5% durant 600 m. Je me mets en quête d’une fontaine pour refaire les niveaux de mes bidons. J’en trouve une juste à côté de la piscine avec une eau délicieusement fraîche.
Dès la sortie de La Bolline, il me faut remettre immédiatement du cœur à l’ouvrage avec 2 lacets à 6,5/7% durant 1350 m jusqu’à La Roche, second bourg de Valdeblore.
J’ai dépassé à cette occasion les 1000 m d’altitude et j’ai droit à de belles vues sur ce que j’ai déjà grimpé. Je peux apercevoir plusieurs villages, Rimplas ou Ilonse, situés en hauteur et si caractéristiques des Alpes Maritimes (comme aussi Roubion et Roure vus un peu plus tôt dans la matinée).
Je m’offre un nouveau petit replat de 500 m à 4,5% en traversant La Roche. Puis la déclivité reprendra ses droits sur une pente à 6,5/7% et ce jusqu’au sommet.
Le paysage est très plaisant. C’est un mix sympa entre montagne et campagne. C’est très nature, les 3 bourgs de Valdeblore sont assez recentrés. Il y aura juste une petite faute de goût avec la Station de la Colmiane mais j’y reviendrais plus tard…
Après une nouvelle paire de lacets, je traverse Saint-Dalmas, le troisième bourg de la commune de Valdeblore. J’ai 13,2 km et 800 m de D+ dans les jambes… alors que l’ascension s’était bien déroulée jusqu’à cet instant, j’ai un coup de mou… ce n’est pas la chaleur car elle n’est finalement pas trop forte, c’est qu’il est 13h et je commence à avoir faim.
À la sortie de Saint-Dalmas, j’ai désormais le Col St-Martin bien en vue mais même s’il paraît proche, la route s’arrange toujours pour faire quelques détours supplémentaires avec des lacets ! Il me reste environ 3,5 km et je les aurais trouvés un peu longs, notamment les 1750 derniers mètres à 7% qui n’offrent pas le moindre petit bout de replat.
J’arrive enfin au Col Saint-Martin. Le sommet est occupé par la Station de La Colmiane et… c’est très moche ! Les abords sont négligés, il y a un énorme parking et des résidences rectangulaires très quelconques dont une grosse située en plein milieu du col. J’ai vu mieux en termes d’agencement mais bon, ça plaît à d’autres quand je vois qu’elle a une notation de 4,4 étoiles sur Google ! Je pense que la note est gonflée par les appréciations sur les hauteurs de la station qui sont plus sympas quand on regarde quelques photos sur internet.
Situé à 1503 m, c’est l’avant-dernier grand col de mon voyage. Il est 13h30, je décide de profiter tranquillement du temps qu’il me reste et du fait que je n’ai plus qu’une descente à réaliser pour atteindre Beuil pour m’offrir un bon déjeuner. Ce sera un burger/frites comme à Guillestre 3 jours plus tôt mais là, aucun risque ha ha ha. Ma commande était assez moyenne, beaucoup moins fournie et appétissante qu’à Guillestre. Je la complète quand même par une tarte aux myrtilles accompagnée d’un café pour rattraper mon loupé de la veille.
Après une belle pause, vers 14h20, je reprends ma route. La fin de mon étape sera très facile, ce n’est plus que de la descente jusqu’à Beuil.
D’abord, je descends le versant Est du Col Saint-Martin jusqu’à Saint-Martin-Vésubie. Il est plus court avec 8,8 km mais bien pentu avec ses 6,5% de moyenne. La descente est spectaculaire avec notamment la traversée de 2 tunnels et des vues très plongeantes sur une nouvelle vallée, celle de la Vésubie.
À l’approche de la fin de la descente, je distingue au fond de la Vallée de la Vésubie, un amas de roches… je l’avais un peu oublié mais des images effroyables diffusées dans les journaux télévisés les 2 et 3 octobre 2020 me reviennent immédiatement en mémoire : de terribles inondations dues au passage de la Tempête Alex qui ont dévasté dans les Alpes Maritimes, les trois vallées de la Roya, de la Vésubie et, dans une moindre mesure, de la Tinée.
La fin de l’étape
Ma descente du Col Saint-Martin se termine dans un virage et là je découvre un décor terrible : le lit du Boréon (qui rejoint en fait la Vésubie environ 2 km plus bas) n’est qu’un amas de roches et des maisons éventrées bordent ses rives. La route d’origine a disparu, elle a été remplacée par un tracé temporaire qui circule au fond du lit du torrent (aujourd’hui très sage !). La largeur est impressionnante, la hauteur aussi… je m’en rends compte en observant les maisons qui menacent de s’effondrer une bonne quinzaine de mètres au-dessus de ma tête. Il y a aussi des blocs de rocher de 1 à 2 m de haut qui sont éparpillés un peu partout… je peux alors aisément imaginer la puissance des flots lors des inondations… et ressentir à la fois de l’admiration et de la peur ! La suite en image…
Après avoir traversé ce spectacle de désolation, j’arrive à l’entrée de St-Martin-Vésubie. Bien sûr, la vie a repris son cours mais j’ai été un peu secoué de voir les aspects encore bien visibles de ce drame. J’ai repensé aux propriétaires des maisons détruites qui ont pratiquement tout perdu en quelques heures… la nature, bien qu’elle soit souvent belle, peut être aussi dévastatrice… et mortelle (21 morts et 9 disparus) ! Il y a un panneau qui annonce une première tranche de travaux, le coût est déjà pharaonique et il en reste encore bien d’autres à réaliser…
Vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas à d’abord consulter la page wikipedia sur la Tempête Alex puis de multiples vidéos disponibles sur internet.
Il ne me reste plus grand-chose à faire : environ 8,8 km jusqu’à Roquebillière et avec une descente assez plaisante. La chaleur est bien présente dans le fond de la Vallée de la Vésubie mais je n’ai pas eu trop à en souffrir le long de cette journée, on pourrait même dire que c’était une journée normale d’été.
Il est 15h quand j’arrive à l’Hôtel-restaurant Le Saint-Sébastien situé bien avant le bourg même de Roquebillière. Ça me fait très bizarre de terminer mon étape à cette heure-là ! J’aurais pu « baguenauder » un peu plus en allant aux proches Vallons de la Madonne de Fenestre ou de Gordolasque mais sachant que leurs ascensions étaient monstrueuses, je m’en suis vite dissuadé !
Pas de regrets, je vais pouvoir m’offrir une bonne partie de l’après-midi à me reposer et profiter de la piscine de l’hôtel… mais en compagnie des costauds Gilles et de son fils Aymeric, les Anglais Shirley et Steven, qui sont déjà là aussi, je dois patienter quand même un bon petit moment avant que notre guide Renaud puisse prendre possession des chambres. Une autre partie du groupe V3 arrive peu après. Ils ont en bien bavés avec leur étape passant par la Madonne d’Utelle et certains n’ont même pas eu la force d’aller jusqu’au sommet !
Il est 15h45, je découvre enfin ma chambre. C’est un peu spartiate mais je ne suis pas difficile. La fenêtre donne sur la belle piscine de l’hôtel… je me dépêche de prendre une douche pour y aller piquer une tête ! Que ça fait du bieennnnnn !
Je m’allonge ensuite sur un transat… ferme les yeux et repense au fait que c’était l’avant-dernière étape… déjà, l’aventure va toucher à sa fin…
Je retrouve un peu plus tard tout le monde sur une terrasse pour déguster une bonne bière. Ensuite, la soirée a été belle avec un très bon repas. Au lit vers 10h30, demain sera la dernière étape de cet incroyable voyage…
Suite du voyage avec l’étape 8…
Vous pouvez télécharger le tracé GPX à l’aide du parcours Openrunner :
Guildian74
Salut Joris,
En effet petite étape mais parfois c’est bien agréable.
Sympa le bronzage cycliste
Au plaisir de lire la fin du périple pour bientôt ?
alpes4ever
Merci Cédric pour le message. Le bronzage cycliste avait bien cuit sur ce voyage ! La suite arrivera dans un moment, patience…
Exter
Un grand bravo pour ces récits que je suis assidûment depuis de nombreuses années ! C’est un réel plaisir de découvrir de nouveaux cols ou de se replonger dans ses propres ascensions à travers mots et photos.
Salutations de la Saône-et-Loire voisine 🙂
alpes4ever
Bonjour Exter, merci beaucoup pour ce message très sympathique de la part d’un voisin qui a aussi de quoi bien s’amuser en Saône-et-Loire 😉
Lesueur Jacques
Voilà ! C’est presque terminé pour toi et cette étape vraiment pas de repos à été pour moi un peu dur, car ton passage sur les dégâts de la tempête Alex laissent un malheureux souvenir. La nature est belle dans notre France, mais ne fait pas de cadeaux parfois.
Bon, encore une étape a raconter et je l’attends avec impatience.
Papa.
alpes4ever
Bonjour Papa, merci pour tous tes messages qui m’ont fait très plaisir. Oui, encore une étape à raconter qui sera malheureusement et déjà la dernière de ce magnifique voyage ! Un peu de patience…